Resistances numeriques

Résistances numériques.
Conférence organisée par Jean-Noël Montagné (Art Sensitif)
14h-18h, entrée libre

- les enjeux et les dangers des nanotechnologies, par Jean-Marc Manach
- les logiciels libres et leurs utilisations, par Frédéric Couchet
- Présentation de Wikipédia, par Mathieu Amo

Conference organized by Jean-Noël Montagné (Art Sensitif)
14.00 – 18H, free entry

- the stakes and dangers of nanotechnologies, by Jean-Marc Manach
- the free softwares and their use, by Frédéric Couchet
- presentation of Wikipédia, by Mathieu Amo

“Nouvelles technologies de surveillance : qui surveillera les surveillants ?”, par Jean Marc Manach
Les nouvelles technologies constituent un formidable réservoir d’outils de contrôle et de surveillance des télécommunications (internet et autres), des déplacements (vidéosurveillance, frontières), des objets (qui deviennent “intelligents”), du corps humain (biométrie aux
frontières, ou à l’école)… Et c’est aussi parce que les nouvelles technologies constituent également un formidable outil d’émancipation des citoyens que l’on assiste ainsi à un renforcement législatif des pouvoirs de contrôle et de surveillance des individus par les gouvernements, et les marchés. Les motifs sont variés, mais les modus operandi relativement similaires, par le truchement d’instances ou pressions multilatérales, et non démocratiques, nous obligeant à accepter ce que nos démocraties n’auraient (a priori) pas permis.

Intervenant :
Jean Marc Manach, journaliste (http://rewriting.net) et membre des Big Brother Awards (http://bigbrotherawards.eu.org).

« New technologies of surveillance : who will supervise the supervisors ? », by Jean Marc Manach

The new technologies constitute a formidable reservoir of control and surveillance tools for telecomunication (internet and others), for movements (video surveillance, borders), for objects (who become « intelligent »), for the human body (biometry at the borders or at school)… And it’s also because the new technologies constitute a formidable tool of emancipation of the citizens that we assist in this way at a legislative reinforcement of control and surveillance of the individuals by the governments and the markets. The objectives are varied, but the modus operandi are relatively similar through the instances or multilateral – and not democratic – pressions, which oblige us to accept what our democracies (a priori) wouldn’t have permit.

Lecturer :
Jean Marc Manach, journalist (http://rewriting.net) and member of the Big Brother Awards (http://bigbrotherawards.eu.org)

“Logiciel libre et libertés pour d’autres formes de travaux créatifs: réinventer et subvertir le droit d’auteur”, par Frédéric Couchet.
Le modèle du logiciel libre n’est pas une préoccupation réservée aux seules considérations techniques et aux seuls informaticiens. Bien au contraire, les principes sous-jacents, principes qui mettent en avant le bien commun sur l’appropriation privée, trouvent sans aucun doute toute leur pertinence dans de nombreux autres domaines tels que la production et la diffusion des savoirs ainsi que tout ce qui touche à la création en général. Le logiciel libre abolit les frontières ou barrières artificielles existant entre les communautés de producteurs de logiciels et les communautés d’utilisateurs de logiciels.

Intervenant:
Frédéric Couchet est le délégué général de l’APRIL (www.april.org). Il est également le président de la Free Software Foundation France (www.fsffrance.org).

Wikipedia, par Mathieu Amo
Wikipedia n’est pas seulement la célèbre encyclopédie multilingue libre de droits aux un milion et plus de fiches conçues par ses utilisateurs, c’est également une série de services et d’outils d’information, d’éducation, d’organisation des connaissances, de publication, d’archivage. C’est aussi un exemple de gestion de projet en démocratie participative. Cette conférence, par Mathieu Amo nous expliquera l’ampleur et les développements du projet, ainsi que les coulisses de son fonctionnement.

Intervenant :
Mathieu Amo est étudiant en lettres anglaises, administrateur et arbitre sur la Wikipédia francophone, et membre de l’association Wikimédia France.

Wikipedia, by Mathieu Amo
Wikipedia is not only the famous multilanguage encyclopedia free of rights with one million and more pages conceived by its users, it is also services and tools of information, education, organisation of knowledge, publication, filing. It is also an example for project managing in participative democracy. This conference by Mathieu Amo will explain us the scale and the developments of the project, as well as the runners of its working.

Lecturer :
Mathieu Amo is student in english literature, administrator and referee on french Wikipedia and member of the association Wikimédia France.

Résistances Numériques, par Jean-Noël Montagné

Résister à quoi ?
Un regard sur ces quinze dernières années montre que les technologies numériques ont transformé notre société en profondeur. Alliées aux technologies de réseau, elles permettent une gestion instantanée, automatisée et globale des flux d’information, des flux de biens et des services. Une aubaine pour le commerce et l’industrie dans le contexte actuel de dérégulation libérale et de mondialisation.

Pourtant les transformations importantes issues du numérique ne sont pas initiées ni régulées par les champs politique et citoyen. Elles signent même leur défaite sur la gestion du progrès et des libertés fondamentales. Ces transformations sont conçues par des acteurs souvent étrangers aux préoccupations éthiques, sociales ou environnementales. Le milliard de Chinois, à qui l’on interdit de surfer sur les très nombreux sites non approuvés par le gouvernement grâce à la collaboration du plus grand moteur de recherche au monde, ne me contredira pas.
Les attentats terroristes de ce début de siècle ont dopé l’industrie numérique de l’identification, de la surveillance et du traçage, un marché gigantesque appliqué aux transports des biens et des personnes. L’électronique communicante multimédia mobile, que nous portons pour l’instant à l’oreille ou dans la poche, est un des premiers vecteurs de technologies d’identification et de géolocalisation, souvent à l’insu des utilisateurs.

Résister : pourquoi ?
L’accès libre au savoir, à l’information, à l’éducation et à la culture est une priorité de la résistance numérique et la principale voie d’action de cette communauté. Les contenus fondamentaux doivent être libres, comme doivent être libres les outils pour les créer, comme doivent être libres les canaux pour les transmettre ou les partager : d’ici quelques années, en suivant la loi de Moore, ce n’est plus 60 gigas de musiques ou de films que l’on pourra transporter dans une poche, mais 10, 100 ou 1000 fois plus. Lorsqu’un seul baladeur contiendra l’ensemble des catalogues actuels, et que cette information sera échangeable en quelques secondes, il sera vain de vouloir encore prétendre taxer les oeuvres numérisées.

L’oeuvre, la matière intelligente, le contenu de demain sera plus que jamais vivant, interactif, sensitif, relié à de nombreux processus de temps réel, par des technologies universelles et ouvertes. Ces processus sont pour la plupart en gestation dans les laboratoires scientifiques ou militaires, mais aussi dans certains milieux artistiques expérimentaux qui agrègent des chercheurs, des artistes et des bidouilleurs de tout poil. Car la grande force du numérique, c’est que tout inventeur d’un dispositif, d’un contenu, d’une technologie peut devenir en quelque temps l’initiateur d’un projet pouvant bouleverser l’histoire de l’humanité, sans qu’il n’ait besoin au départ d’autre qualité ou moyens que son imagination, sa créativité ou son talent.

Lorsque l’ensemble des fondements de la société évoluent sans aucune concertation avec le citoyen et que des libertés individuelles et collectives sont gravement menacées ou détruites dans l’indifférence générale des médias et des politiques traditionnels, il est du devoir du citoyen de résister en construisant des alternatives à la dissolution des pouvoirs dans le marché.

Résister : comment ?
Résister, c’est d’abord simplement s’informer: prendre du temps pour suivre jour après jour l’évolution et l’implantation des technologies numériques est devenu indispensable pour comprendre les nouvelles technologies, pour comprendre les nouveaux usages et leurs enjeux, c’est-à-dire pour simplement participer au monde.

Résister, c’est ensuite apporter sa pierre, son bras ou son plan. Il n’est pas nécessaire pour cela de fonder un énième organisme international issu de représentations de moins en moins démocratiques, mais de concevoir au plus tôt des initiatives de démocratie participative à l’échelle mondiale, basés sur des processus d’agrégation d’idées, des processus d’intelligence collective, faisant aussi bien émerger les problématiques que les solutions potentielles. Nous avons les outils et les idées pour le faire. Les Cyber-Droits des Êtres Humains restent à écrire.